Si l'on cherche les causes qui mirent ces masses en mouvements, sans doute on doit reconnaître que les ordonnances de Juillet furent le signal du vaste soulèvement dont Paris devint le théâtre ; mais il faut en montrer plus haut les véritables mobiles. La grande méprise de la royauté et de la bourgeoisie, qui se craignaient sans avoir des motifs sérieux de se craindre, telle fut l'occasion de la crise. Quant aux éléments de la catastrophe, ce fut d'abord une conspiration essentiellement restreinte, mais toujours prête à tout, mais permanente, qui se cantonna dans la légalité comme dans une citadelle, jusqu'au moment où, l'émeute venant d'éclater, elle en fit une révolution. Il faut ajouter encore l'occasion favorable d'une crise commerciale et industrielle qui, mettant trois ou quatre grandes maisons de Paris au désespoir, les détermina à précipiter leurs ouvriers dans l'insurrection avec la pensée que leur fortune politique sauverait peut-être leur fortune commerciale du naufrage. Enfin, il existait dans les classes populaires un sentiment confus d'indignation et de colère contre l'invasion européenne à laquelle les désastres du premier empire et les malheurs du temps avaient livré la France. Les calomnies perfides d'une presse peu scrupuleuse sur le choix des moyens, corrompant ce sentiment noble et patriotique en lui-même, avaient fini par persuader à ces populations que la Restauration et l'étranger étaient solidaires, tandis que, [...] loin d'avoir causé l'invasion, la Restauration, au contraire, en allégea le poids et rendit les conséquences moins funestes au pays. [...] La responsabilité de la révolution de Juillet et des malheurs qui l'ont suivie incombe à cette opposition à outrance qui ne songeait qu'à battre en brèche l'autorité, espérant avoir part aux dépouilles de cette illustre mourante qu'on appelait la monarchie française. Ainsi, une double méprise de la royauté et de la bourgeoisie, une conspiration restreinte, et à côté du mauvais vouloir des ennemis de la royauté, les fautes du ministère, une vaste crise commerciale, un préjugé populaire, telles furent les causes qui enfantèrent la révolution de Juillet.
Alfred Nettement, Histoire de la Restauration, t. VIII, 1872.
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