Cette année là, Iris traversa le ciel et tous les êtres vivants en furent effrayés au point de dire que c'était la fin du monde. C'est à cette époque que les négateurs du Christ construisirent une grande flotte, longèrent la Cilicie et passèrent l'hiver, les uns sous Mohamed fils d'Abdallah à Smyrne, les autres sous Kaïsos en Cilicie et en Lycie. Et il y eut une grande mortalité en Egypte. On vit venir aussi, avec une flotte de renfort de plus, l'émir Chalè dont l'habileté et le courage au combat étaient extrêmes. L'empereur Constantin, quand il eut pris connaissance du danger que les ennemis de Dieu dirigeaient contre Constantinople, veilla en personne à ce que fussent préparées des birèmes équipées de chaudrons à feu et des dromens équipés de siphons. Et il les fit relâcher dans le port de Procleanisien.
Cette année là, la flotte des ennemis de Dieu dont j'ai parlé aborda en Thrace, depuis l'extrémité de l'Hebdemon, encore appelé Magnauras à l'Ouest, jusqu'au promontoire appelé Kuklo bien de l'autre côté à l'Est. Tous les jours, les combats duraient du matin jusqu'au soir, entre al Porte d'Or et Kurlobien. Ils attaquaient et étaient repoussés. Ils continuèrent ainsi du mois d'avril au mois de septembre. Repoussés, les Arabes se dirigent vers Cyziquie, la prennent et y passent l'hiver. Mais leur flotte revenait au printemps pour livrer un combat naval contre les Chrétiens. Pendant sept ans ils s'étaient conduits de cette manière et en avaient été pour leur honte grâce à l'aide de Dieu et de la mère de Dieu, ayant perdu un grand nombre de soldats et ils en éprouvèrent une grande douleur et prirent la fuite dans un grand deuil. Dans sa fuite, cette même flotte qui était destinée au châtiment de Dieu fut déviée par une tempête d'orage et un ouragan impétueux dans la région de Sylée et s'y étant fracassée, elle fut complétement détruite. De son côté, Souphian le fils, le deuxième frère de Aüf, engagea un combat contre Phloras, Pètrenas et Cyprianos qui commandaient la flotte romaine. Trente mille Arabes furent tués. Un architecte d'Héliopolis de Syrie nommé Callinikos et inventeur du feu marin ayant pris alors la fuite chez les Romains, les navires arabes arabes furent incendiés et tous les hommes furent brûlés. C'est ainsi que les Romains revinrent vainqueurs et découvrirent le feu marin.
Cette année, les Mordaïtes allèrent au Liban. Ils établirent leur domination depuis le mont Mauros jusqu'à la ville sainte. Ils s'emparèrent des Monts du Liban. Un grand nombre d'habitants et d'esclaves du pays prirent la fuite pour se joindre à eux, si bien qu'en peu de temps ils furent plusieurs milliers. Quand il eut appris cela Mucawiya [calife omeyyade] et ses conseillers éprouvèrent une grande peur et pensèrent que l'Empire des Romains était gardé par Dieu. Il envoya des ambassadeurs à l'empereur Constantin pour demander la paix, promettant de lui livrer un tribut annuel. L'empereur, ayant reçu ces ambassadeurs et ayant entendu leur demande, les fit accompagner en Syrie par le patrice Jean, surnommé Pitzigaudès, qui était depuis longtemps doué d'une grande expérience et d'une grande intelligence. Il devait parler aux Arabes de la manière qui convient et négocier la paix. Quand il fut arrivé en Syrie, Mucawiya le reçut avec grand honneur. Beaucoup de paroles ayant été échangées sur la paix, il fut décidé par les deux parties qu'un traité de paix serait rédigé et juré, avec comme disposition, la livraison par les Arabes d'un tribut annuel de trois mille pièces d'or, de huit mille prisonniers et de cinq cents chevaux de bonne race à l'Empire romain. Ces dispositions étant observées des deux côtés pendant trente ans, une paix solide serait conservée entre les Romains et les Arabes. Ces deux traités, rédigés et publiés, furent accompagnés de serments et échangés et l'homme de grande confiance dont il a été question plus haut retourna auprès de l'empereur avec de nombreux présents.
Quand ils eurent appris cela, ceux qui habitent les régions occidentales, le Khagan des Avars et les rois, exarques et kastaldes qui sont au-delà et les chefs des peuples d'Occident envoyèrent des cadeaux à l'empereur par des ambassadeurs et demandèrent qu'une bonne paix soit décidée en leur faveur. L'empereur, donc, ayant accédé à leurs demandes, établit pour eux aussi une paix impériale. Et une grande paix régna à l'Est et à l'Ouest.
Théophane, Chronographie, édition De Boor, pp. 540-544.
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