Les protestants vus par un prêtre catholique (XVIe)

Or était-il fort facile d'être huguenot en ce temps-là, et les fondements de leur prétendue religion n'étaient pas malaisés à apprendre : il ne fallait qu'être meurtrier, voleur, larron, sacrilège, paillard, adultère, voleur d'églises et de temples, briseur d'images, médire du pape, des cardinaux, évêques, prêtres, moines et ecclésiastiques, être meurtrier de telles gens, haïr et médire de la messe et du saint sacrement de l'autel et dire que c'était Jehan le blanc, donner l'hostie à manger aux bêtes et chiens, graisser ses bottes et souliers du chrême et des saintes huiles, faire son ordure fécale dans l'eau bénite des bénitiers et des fonts baptismaux, manger de la chair les vendredis, samedis, lors du Carême et des jours de jeûne, prétendre qu'il n'est point de purgatoire en l'autre vie, blâmer les pèlerinages, dire qu'il ne faut prier la Vierge Marie ni les saints, ni dire heures ni matines, ni autre office divin, sinon les psaumes de David traduits en vulgaire et rime française par Marot et Théodore de Beze, et dire qu'il ne faut faire nulle bonne œuvre pour avoir la vie éternelle et le paradis, ainsi que c'est assez de croire en Dieu et en Jésus-Christ, lequel, par sa mort et passion, a tout fait pour nous en ce monde avant d'en partir.

Mémoires de Claude Haton - 1553-1582. Publié par F. Bourquelot, 1857. Orthographe modernisée.