XXI. L'hiver suivant fut consacré aux mesures les plus salutaires. Les Bretons vivaient dispersés, en sauvages, et par là même toujours prêts à la guerre. Pour les accoutumer, par les plaisirs, au repos et à la tranquillité, il [Agricola, général et gouverneur de Bretagne] les exhorta en particulier, il les aida des deniers publics à construire des temples, des places publiques, des maisons, louant l'activité des uns, aiguillonnant la lenteur des autres ; ainsi l'émulation tenait lieu de contrainte. Il fit instruire dans les beaux-arts les enfants des chefs, et leur insinua qu'il préférait, aux talents acquis des Gaulois, l'esprit naturel des Bretons ; de sorte que ces peuples, qui naguère dédaignaient la langue des Romains, se piquèrent bientôt de la parler avec grâce. Notre costume même fut mis en honneur, et la toge devint à la mode. Insensiblement on se laissa tenter aux séductions de nos vices ; on rechercha nos portiques, nos bains, nos festins élégants ; et ces hommes sans expérience appelaient civilisation ce qui faisait une partie de leur servitude.
Tacite, Vie d'Agricola, XXI (98). Traduit par M. H. Nepveu, 1851, p. 52-54.
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