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L'Histoire de France, de l'Europe & du Monde

Le Proche et Moyen-Orient sont des espaces aux forts enjeux depuis le début du XXe siècle pour des raisons géostratégiques (canaux et détroits) et énergétiques (gisements de pétrole et gaz). Les sultans ottomans y ont exercé leur pouvoir ou influence jusqu’en 1922. Après la chute de l’Empire ottoman, une grande partie de ses territoires passe sous domination britannique ou française, les deux grandes puissances coloniales de l’époque. A la suite à la Seconde Guerre mondiale, la décolonisation et la montée des nationalismes arabes entraînent de fortes tensions régionales et une instabilité politique forte.

Une région stratégique et politiquement recomposée à la sortie de la Seconde Guerre mondiale (1945-1947)

Un carrefour aux multiples enjeux

Le Proche et Moyen-Orient constitue une région située entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Cette position particulière lui confère un intérêt stratégique car c’est là que passent des flux importants de matières brutes (les hydrocarbures en particulier) et de marchandises. Dans la région se situent des points stratégiques au niveau maritime  : le canal de Suez, le détroit de Bab-el-Mandeb, le détroit d’Ormuz ou encore le détroit du Bosphore (reliant la mer Noire à la mer Méditerranée). Le contrôle de ces détroits a été et est toujours un motif d’affrontement et de tensions.

Le Moyen-Orient est aussi une région stratégique car il s’y trouve les plus importantes réserves d’hydrocarbures au niveau mondial : le Moyen-Orient détient 62 % des réserves mondiales de pétrole et 40 % de celles de gaz. L’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, les Emirats arabes unis sont les plus gros producteurs de pétrole. Tous les pays du monde cherchent à sécuriser l’approvisionnement en hydrocarbures, d’où des tensions et ingérences au Proche et Moyen-Orient.

Enfin, au niveau religieux, cette région concentre les lieux saints des trois grandes religions monothéistes : Jérusalem pour les Juifs et les Chrétiens et La Mecque pour les musulmans, sans compter les lieux saints secondaires (Médine pour tous les musulmans, Nadjaf haut lieu du chiisme avec le tombeau d’Ali, cousin du Prophète).

Des bouleversements politiques suite à la Seconde Guerre mondiale

Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux États apparaissent (indépendance du Liban en 1943, de la Syrie en 1946, de la Jordanie en 1946, etc.). Tous ces États sont fragiles pour de multiples raisons : l’absence de tradition étatique forte, les frontières arbitraires issues de découpages coloniaux, la diversité religieuse (Islam/christianisme/judaïsme mais aussi les diverses branches de l’Islam) et la diversité ethnique (arabes, turcs, kurdes, perses, …) pouvant entraîner des tensions communautaires.

Cependant, la création politique qui va être lourde de tensions dans les années et décennies à venir est la création de l’État d’Israël (1947). L’origine de la création remonte en 1917, quand le secrétaire d’État britannique des Affaires étrangères, Arthur Balfour, se prononce au nom du gouvernement en faveur de l’établissement d’un foyer juif au Proche-Orient. L’importante immigration juive en Palestine durant l’entre-deux-guerres puis le génocide juif relancent le projet. En 1947, l’ONU vote un plan de partage de la Palestine : création d’un État juif, création d’un État arabe, Jérusalem et sa banlieue placés sous contrôle international. La répartition du territoire se fait en fonction de la présence des Juifs qui ont acheté des terres. L’indépendance de l’État d’Israël est déclarée en 1948. Cette création suscite de vives tensions qui alimentent le nationalisme arabe.

Des tensions et guerres à répétition entretenues par les grandes puissances (1948-1979)

Le Moyen-Orient dans la logique des deux blocs

Durant la guerre froide, le Moyen-Orient est un espace d’affrontement indirect entre les États-Unis et l’URSS. Plusieurs pays de la région se rangent dans l’un ou l’autre camp. L’Iran et la Turquie (qui rejoint l’OTAN en 1952) se rangent du côté américain tandis que l’Égypte et la Syrie se rapprochent de l’URSS. Israël est un allié majeur des États-Unis et l’Arabie Saoudite conclut en 1945 avec les États-Unis le pacte du Quincy, alliance stratégique qui oblige les États-Unis à protéger la dynastie régnante en échange d’un accès au pétrole.

Toutefois, à partir du milieu des années 1950, le monde arabe tente de s’émanciper des deux blocs. Cette volonté d’émancipation trouve sa source dans le panarabisme, mouvement politique qui prône l’unité de tous les Arabes. Le dirigeant égyptien Nasser se rend ainsi à la conférence de Bandung (Indonésie, 1955), conférence des pays non-alignés. Les pays arabes disposent d’un atout pour s’émanciper : la dépendance du monde à l’égard du pétrole. En 1960, l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite et le Koweït fondent l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole), rejoints rapidement par d’autres pays producteurs. Le pétrole est un instrument de pression à l’égard des Occidentaux, utilisé par exemple en 1973, pendant la guerre du Kippour (guerre israélo-arabe) pour que la communauté internationale pousse les Israéliens à évacuer les territoires qu’ils occupent alors (premier choc pétrolier).

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Caricature de Fritz Behrendt, 1973. De gauche à droite : Willy Brandt (RFA), Georges Pompidou (France), Richard Nixon (Etats-Unis), Edward Heath (Royaume-Uni).

Les guerres israélo-arabes

La naissance de l’État d’Israël en 1948 n’est pas acceptée par plusieurs de ses voisins, ce qui provoque une série de guerres (impliquant la Syrie, l’Égypte, l’Irak et la Jordanie). Ces guerres sont au nombre de quatre : la guerre de 1948-49, la crise de Suez (1956), la guerre des Six jours (1967) et la guerre du Kippour (1973). A l’issue de sa victoire en 1949, l’État d’Israël en profite pour annexer de nouveaux territoires, rendant caduc le plan de partage de l’ONU. Cette extension devient une pomme de discorde qui envenime davantage encore les relations de l’État hébreu avec ses voisins. Israël reçoit à deux reprises le soutien des Occidentaux : lors de la guerre de 1956 (intervention coordonnée avec celle des Français et des Britanniques qui occupent militairement le canal de Suez) et lors de la guerre du Kippour de 1973 (les États-Unis, qui n’interviennent pas directement, livrent du matériel militaire à leur allié israélien).

En 1978, l’Égypte, adversaire de l’État d’Israël lors des quatre conflits, finit par reconnaître officiellement l’existence de l’État hébreu aux accords de Camp-David (États-Unis). Un traité de paix entre les deux pays est signé l’année suivante. Les Palestiniens, qui se sentent abandonnés, se livrent alors à une guérilla contre Israël, marquée par des séries d’attentats. Le plus spectaculaire de ces attentats est la prise en otage d’athlètes israéliens par des commandos palestiniens lors des Jeux olympiques de Munich (1972).

De nouvelles conflictualités sur fond de montée de l’islamisme (1979-2001)

Les luttes pour la domination régionale

A partir des années 1980, les conflits échappent de plus en plus à la logique de la guerre froide.
En 1979, une révolution islamiste en Iran met l’ayatollah Khomeiny au pouvoir (l’ayatollah est le membre le plus élevé du clergé chiite). Khomeiny appelle les Irakiens à renverser Saddam Hussein pour propager l’islamisme et l’Iran provoque l’Irak en violant son territoire. Il s’ensuit une déclaration de guerre de l’Irak (1980). La guerre qui dure huit ans fait un million de morts sans gain de part et d’autre (les deux puissances sont équivalentes). Au Liban, une guerre civile dans laquelle s’impliquent des puissances étrangères (Syrie, Iran, Israël) déchire le pays entre 1975 et 1989. En 1987, provoquée par la politique israélienne, la première Intifada éclate en Israël : il s’agit d’un soulèvement des Palestiniens dans les territoires occupés par Israël. Enfin, en 1990, l’Irak envahit le petit État du Koweït pour ses ressources pétrolières. Une coalition internationale menée par les États-Unis repousse l’armée irakienne en 1991.

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Affiche de propagande irakienne pour la guerre Iran-Irak (1988).

Une région du monde en proie au terrorisme et à l’islamisme

C’est dans les années 1990 que l’islamisme prend de l’ampleur. Cette idéologie politique, basée sur une interprétation radicale de l’Islam, vise à faire des textes sacrés la seule source de loi). Déjà en germe depuis la prise de pouvoir de Khomeiny, sa diffusion est liée à l’essoufflement des nationalismes arabes, la disparition des deux blocs (le communisme ne fascine plus) et l’intervention des Occidentaux dans le Moyen-Orient. Face à la disparition des grandes idéologies (nationalisme, communisme), l’Islam devient la référence incontournable. Les attentats du 11 septembre 2001 marquent un tournant pour le Moyen-Orient et amènent de nouveaux conflits alimentant l’islamisme (intervention américaine en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003).

Parallèlement, les tensions entre les Israéliens et les Palestiniens soutenus par les autres pays arabes (sauf Turquie) persistent et sont nourries par l’islamisme. En 1993, les accords d’Oslo signés par Israël et les Palestiniens (sous l’égide des États-Unis) visent à pacifier les relations mais échouent : le processus de paix est bloqué par l’intransigeance des deux partis, et attentats palestiniens et représailles israéliennes se succèdent.

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