De la fin de la guerre de Cent Ans à la Renaissance française, quatre rois de France se succèdent : Charles VII (régnant de 1422 à 1461), Louis XI (1461-1483), Charles VIII (1483-1498) et Louis XII (1498-1515). La période voit le renforcement de l'Etat royal qui, d'une monarchie féodale, devient une monarchie nationale moderne. L'Etat sort en effet fortement renforcé de la guerre de Cent Ans, avec des réformes structurelles et un prestige qui haussent la France au rang de première puissance occidentale. Si la construction de l'Etat moderne n'est pas encore achevée à l'aube de la Renaissance, le roi n'a jamais été aussi influent et puissant et son autorité n'est plus discutée par les populations.
Au début des années 1430, le système fiscal hérité du milieu du XIVe siècle est désorganisé du fait de la guerre civile et étrangère, de la dépopulation et la crise économique, et des fraudes des administrations. La réforme financière, préalable à la réforme militaire, paraît être une condition nécessaire à la victoire sur l'Angleterre.
C'est la reconquête de Paris (1436) qui permet de réunir les administrations et de réorganiser le royaume. Après avoir mis de l'ordre dans les finances, Charles VII et son gouvernement procèdent à deux réformes hardies : la naissance de l'impôt permanent et de l'armée professionnelle. En 1439, une ordonnance promulguée à Orléans instaure le premier impôt permanent, la taille royale (qui se substitue à la seigneuriale), destinée à financer une armée permanente. En outre, la réunion des Etats généraux n'est plus nécessaire pour lever les tailles puisque cette levée devient une prérogative royale. L'armée permanente voit le jour en 1445 avec l'ordonnance de Louppy-le-Château ; cette armée royale ne cesse dès lors de croître en effectifs (9000 hommes à sa création, 12.000 un an plus tard, 16.000 à la fin du règne de Louis XI).
De 1437 à 1443, la reconquête piétine. Charles VII a à faire face à une dégradation de l'état du royaume : des famines, engendrée par de mauvaises récoltes, apparaissent dans les années 1435-1440, la peste sévit à l'état endémique et des bandes de brigands pillent les campagnes. De plus, en 1440, le roi de France doit mater une révolte de grands vassaux connue sous le nom de Praguerie. Les rois de France et d'Angleterre signent les trêves de Tours en mai 1444, prévues pour dix mois et reconductibles. Charles VII en profite pour consolider ses forces et mener à bien ses réformes. La trêve est rompue le 17 juillet 1449. Le roi de France se concentre alors sur la Normandie qu'il parvient à reconquérir définitivement en 1450 (victoire décisive à Formigny).
L'armée royale se dirige ensuite vers la Guyenne, habituée à la présence anglaise. Il faut trois ans pour que la conquête parvienne à son terme. La victoire décisive de Castillon (17 juillet 1453) sur les Anglais et la capitulation de Bordeaux (19 octobre suivant) marquent la fin de la guerre de Cent Ans. Aucun traité ne vient officiellement mettre fin au conflit et les Anglais conservent Calais. Cependant, l'incapacité des souverains anglais aux prises avec des difficultés intérieures (la guerre des Deux Roses) empêche toute nouvelle offensive contre les Français. La guerre est terminée.
La guerre de Cent Ans a accéléré l'émergence du sentiment national, lequel s'est construit sur le rejet de l'occupation par les ennemis du royaume et du roi. Les chevauchées et pillages des Anglais a contribué à faire naître une certaine « xénophobie » au sein des populations locales. Plusieurs épisodes dans la guerre témoignent de sentiments patriotes : l'assassinat d'Etienne Marcel lorsqu'il fut soupçonné de vouloir livrer Paris aux Anglais, la résistance des paysans normands à l'occupation anglaise au XVe siècle et surtout Jeanne d'Arc, incarnation du sentiment national naissant.
Ce sentiment national reste néanmoins encore ambigu et limité. Pour les Français du XVe siècle, la nation se confond avec la personne du roi ; elle en est inséparable. Cérémonies (entrées du roi dans les villes), statues et peintures du souverain renforcent le loyalisme dynastique. De plus, le sentiment national se superpose au sentiment d'appartenance locale. Ainsi, Bordeaux refuse de se soumettre au roi de France jusqu'en 1453 ; certaines identités régionales comme en Bretagne ou Bourgogne restent fortes.
Louis XI, peu après son accession au trône, va entreprendre de mettre à bas son plus puissant rival : le duc de Bourgogne. Le roi de France est soucieux d'agrandir le domaine royal ; Charles le Téméraire, futur duc de Bourgogne (il le devient en 1467), entend faire du duché un véritable royaume indépendant entre la France et le Saint-Empire. En 1463, le rachat par Louis XI de villes de la Somme qui avaient été cédées au duc de Bourgogne par Charles VII entraîne la guerre. Le conflit dure plus de dix ans. Abandonné par ses alliés, Charles le Téméraire voit son armée écrasée à Grandson et Morat (1476) et le duc trouve la mort en tentant de reprendre Nancy (1477). Marie, héritière du duché, se marie à Maximilien de Habsbourg qui tente de défendre ses possessions. A la mort de Marie, Maximilien signe le traité d'Arras (1482) où il cède au roi de France la Bourgogne et la Picardie.
Charles VIII poursuit la politique des réunions de son père. A l'Ouest, le duché de Bretagne fait l'objet de toutes les convoitises. L'armée royale française lance l'offensive en 1487 et obtient des succès. L'année suivante, Charles VIII obtient le traité du Verger qui interdit aux filles de François II, duc de Bretagne, de se marier sans le consentement du roi. En 1490, Anne, devenue duchesse de Bretagne, viole le traité en se mariant à l'archiduc d'Autriche Maximilien de Habsbourg par procuration. En réaction, Charles VIII met le siège devant Rennes où s'est réfugiée Anne, laquelle décide de se rendre (1491). Annulant son précédent mariage, elle devient l'épouse de Charles VIII et, de ce fait, reine de France.
A la fin de sa vie, Charles VIII mène la guerre en Italie. Charles d'Anjou, dans un testament, avait légué ses possessions territoriales, dont celle de Naples, au roi de France, bien que les Anjou aient été chassés de Naples par le roi de Navarre. En 1494, Charles VIII entreprend de récupérer l'héritage, en vain, lors de la première guerre d'Italie. Louis XII poursuit les guerres de son père. Si la deuxième guerre d'Italie (1499-1500) est un succès avec la prise de Milan, la troisième (1501-1504) est un échec à Naples, conquise (1501) puis reprise par l'ennemi (1504), et la quatrième (1501-1504) se termine par un désastre entraînant la perte de toutes les possessions en Italie.
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