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L'Histoire de France, de l'Europe & du Monde

Dans l’imaginaire collectif, Richard M. Nixon reste l’incarnation du côté sombre de l’Amérique ; une conviction renforcée par le fait que Georges Lucas (créateur du mythe Star Wars) lui-même ait avoué s’être inspiré du 37ème président des États-Unis pour son diabolique personnage de Dark Vador. Mais la réputation fort sulfureuse de Nixon est-elle justifiée ou n’est-elle finalement que le fruit d’une abondante propagande médiatique visant, par le biais d’une affaire d’espionnage, à transformer l’ex-chef d’État en personnage politique le plus haï de son temps ?

Débuts

L’enfant

La citation latine Ad Augusta Per Angusta (« A des résultats grandioses par des voies étroites ») peut-elle résumer la vie entière de Richard Milhous Nixon, né le 9 janvier 1913 dans un petit village de Californie nommé Yorba Linda et fondé à l’origine par des membres de l’organisation religieuse de la Société des Amis ? C’est un enfant qui à l’origine ne présente aucune distinction fondamentale des camarades de son âge ; si ce n’est qu’il est surdoué (son Q.I s’élève à 140). Ce n’est pas quelqu’un de méchant et pourtant, très tôt la vie l’élève durement : d’abord par son père, qui a rejoint la religion de sa femme Hannah (à savoir le quakerisme) quand il s’est marié avec elle et qui a la cravache facile ; secondement par la forte éducation spirituelle qu’il reçoit, dans la crainte du Seigneur et le respect des enseignements bibliques ; et enfin par la perte de deux de ses frères, dont un en bas-âge. Le premier frère, nommé Arthur, mourra à sept ans d’une infection de la moelle épinière. Le deuxième qui s’appelle Harold verra son trépas causé par une maladie à l’époque incurable, et qui répond au nom de tuberculose. C’est avec un chagrin tout à fait immense que le jeune Nixon verra sa famille disparaître peu à peu autour de lui.

Le chef de famille, qui s’appelle Francis, gère la station d’essence et l’épicerie familiales. La mère interdit à ses fils les boissons alcoolisées, les soirées dansantes et les prie aussi de ne point utiliser de jurons ; et on reconnaît là l’éducation quaker par excellence. Hannah veut faire de son petit Richard un missionnaire, à savoir un homme interpellé par les paroles de Dieu et qui décide en conséquence de prêcher la Bonne Nouvelle (les enseignements des Évangiles).

Richard Nixon ira à la faculté de droit. Le jeune Dick veut en effet devenir avocat d’affaires, c’est-à-dire un juriste qui conseille des entreprises avant toute décision importante et qui défend leurs intérêts devant les tribunaux en cas de litige. Après qu’il soit allé au Whittier College où il termine deuxième de sa promotion, ses parents peuvent se le permettre : ses frères Arthur et Harold sont morts, et leur disparition permet à la famille Nixon d’économiser l’argent nécessaire aux études de Richard. C’est donc avec de la satisfaction mêlée à un goût amer que l’adolescent va étudier son droit à l’université Duke, située à Durham en Caroline du Nord.

L’adulte ambitieux
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Richard M. Nixon mène donc ses études de droit et avec une certaine réussite ; de plus, il est brillant orateur et est redoutable dans les débats. Il a découvert ce talent dès son enfance, en participant à des concours d’éloquence. De plus, quand il fut enfant, son père Frank l’emmenait aux débats organisés par son école et, se plaçant dans le fond de la salle, écoutait soigneusement les arguments de Richard. Une fois de retour à la maison familiale, le père démontait soigneusement tous les arguments du jeune Richard afin de l’entrainer à préparer des arguments difficilement contestables.
L’université Duke produit une forte impression sur Nixon : lui qui avait été scolarisé dans un Whittier College très strict, voit de très nombreux étudiants fumer sur le campus et l’atmosphère assez libertaire qui se dégage du lieu. Mais Dick Nixon ne se laisse pas aller : avec le grand sérieux qui le caractérise tant, il se remet encore une fois à travailler durement afin d’être non pas l’un des meilleurs, mais bien le meilleur de tous. En fait, il se comporte comme s’il aspirait à être le meilleur juriste des États-Unis d’Amérique. Il ne laisse de place à aucune distraction : il n’a même pas de copine. Nixon trouve son plaisir ailleurs, dans d’autres occupations : dans le football, dans les élections qui ont lieu à Duke. Il s’y présente, bien-sûr. Il ne participe pas aux soirées étudiantes, ne sort pas. Il étudie. Peut-on dire qu’il a en partie raté un côté important de ces années-là, celui de la détente, des fêtes qui font la vie étudiante ?
Une fois ses études terminées (qui furent extrêmement brillantes), il revient s’installer à Whittier avec son rêve d’enfance enfin réalisé : il est, effectivement, avocat. Ce sera sa première victoire sur la vie, sa première revanche sur les plus aisés qu’il ne supporte pas.

Il doit cependant compter avec la Seconde Guerre mondiale ; celle-ci lui donne le prétexte pour s’engager dans la Marine américaine alors que sa religion lui aurait permis s’il l’avait voulu d’être exempté. Il sert sur un navire de ravitaillement pendant la guerre du Pacifique, et termine sa carrière militaire avec le rang de commandant en second. Considéré comme un excellent joueur de poker, c’est pendant son service militaire qu’il apprend le jeu ; il l’apprend même si bien qu’il réussit grâce à un grand coup de bluff à soutirer 10 000 dollars à un capitaine de corvette. Une somme considérable pour l’époque, qui lui permettra de financer sa toute première campagne électorale.

A la fin de son service militaire, un groupe d’hommes d’affaires californiens (The Commitee of 100), lui demande de devenir candidat à la Chambre des Représentants. Il y est élu en 1946 à la fin d’une campagne très éprouvante contre le démocrate Jerry Voorhis. Très rapidement, Nixon se fait connaître comme un ferme anti-communiste et c’est ce qui lui vaut de faire partie du Comité de Lutte contre les Activités Anti-américaines, présidée par son ami McCarthy : c’est l’époque de la chasse aux sorcières. Réalisateurs, scénaristes, acteurs, hommes politiques ou simples citoyens sont ainsi mis sur la sellette.
Puis, vint l’affaire Alger Hiss : ce dernier, ami très proche du Démocrate décédé Franklin Delano Roosevelt et un des fondateurs des Nations Unis fut accusé par Nixon d’être un espion communiste. L’accusation se basait sur un rouleau de pellicule découvert dans un champ de potirons. Finalement, Hiss fut condamné non pas pour espionnage mais pour faux témoignage à cinq ans de prison.

En 1950, Richard Nixon fut candidat pour le poste de sénateur. Il concourut contre Helen Gahagan Douglas (soutenue à l’époque par Ronald Reagan, futur président américain), qu’il taxa -à tort- de marxiste. Durant cette dernière campagne électorale, Nixon gagne le surnom de Tricky Dick : « Dick le Tricheur ».
En 1952, l’ancien général Dwight ‘Ike’ Eisenhower se présente aux primaires Républicaines du Grand Old Party. Il réalise cependant bien vite qu’en ces temps où les Américains sont effrayés par le communisme, il ne peut remporter la nomination (ainsi que les élections proprement dites) sans avoir comme colistier Richard Nixon. Celui-ci est par-conséquent invité par Eisenhower à prendre le rôle de vice-président sur le ticket présidentiel. Il accepte. Un scandale éclate : l’affaire Checkers. Des allégations suggèrent que Nixon aurait manipulé des fonds secrets. Sur le point d’être écarté par Ike, Dick Nixon se présente à la télévision, pendant 30 minutes, sur la chaîne NBC (les Républicains ont acheté du temps de parole). Juste avant l’émission, un conseiller d’Eisenhower demande à Nixon d’annoncer sa démission du ticket présidentiel. Il refuse. Le discours a lieu. Nixon, qui est un avocat brillant, doit maintenant se défendre lui-même.
Le « discours Checkers » comme on l’appelle désormais, fut un chef-d’œuvre de rhétorique. Devant 60 millions de téléspectateurs, Nixon évoque tous ses biens et ses revenus, jusqu’au « beau manteau républicain en laine » de sa femme. Il parle aussi d’un cadeau que lui a fait un homme d’affaires texan. Un minuscule chiot labrador nommé Checkers, qu’ont adopté ses deux filles Julie et Tricia.
Le discours de défense est un triomphe ; les ennemis de Nixon sont en rage, mais le standard téléphonique est surchargé d’appels soutenant Richard M. Nixon.
Âgé de 39 ans, il est finalement élu avec son coéquipier et sera même réélu pour un second mandat en 1956. Pour ces deux élections présidentielles, le ticket Eisenhower-Nixon bénéficie même du soutien de Ronald W. Reagan, alors acteur de cinéma, président de la Screen Actors Guild (le Syndicat des Acteurs) et membre de la General Electric.

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La conquête de la Maison-Blanche

Le vice-président

L’ancien général et nouveau président Ike Eisenhower regrette cependant bien vite d’avoir fait de « cet homme peu fiable », de ce « looser », son bras-droit. Il faut cela dit être honnête et avouer que le duo politique, non seulement est efficace, mais est aussi très populaire. Ainsi, prenons l’exemple de Reagan qui dans un de ses commentaires radiophoniques du milieu des années 1970 avouera qu’Eisenhower « a stoppé net l’avancée du communisme ». Et effectivement, l’idéologie marxiste n’a pas conquis un seul nouveau pays au-delà du rideau de fer. Mais les gens font preuve de plus de réserves sur la personnalité de Nixon ; et à vrai dire, les gens sont divisés à son sujet.

De 1952 à 1960, Richard Nixon réinvente en quelque sorte la fonction de vice-président : ainsi, il reçut l’attention des médias et du GOP (Grand Old Party) quand Eisenhower lui demanda à plusieurs reprises de présider les réunions du Cabinet pendant son absence. Nixon fut aussi le premier vice-président à assumer temporairement le contrôle de la branche exécutive quand le président Eisenhower eut une attaque cardiaque en septembre 1955, une inflammation des intestins en juin 1956 et une attaque cérébrale en novembre 1957.

L’un des rêves de Nixon, pendant son mandat de vice-président, est d’espionner les conversations d’Eisenhower : que dit le président de lui ? Mais en fait, c’est Eisenhower qui a fait mettre sur écoute Nixon. Il veut garder des traces audios de ses discussions avec lui afin de garder des preuves. En 1956, Eisenhower et son staff de campagne hésitent à reprendre « Dick le roublard » comme colistier. Mais Nixon va voir Eisenhower et lui annonce en face qu’il désire être vice-président pour un second mandat. Celui-ci est pris de court, il se voit contraint d’accepter. Nixon est absent de la Convention Nationale Républicaine de 1956, car il est en effet présent aux côtés de son père qui est sur le point de mourir : « Mon père est passionné par la politique. Je lui ai en-conséquence parlé de politique puisque les médecins disent que ça peut lui éviter de sombrer dans le coma », déclare Nixon aux reporters. Il apprendra, sur l’écran télévisé, sa nomination comme colistier pour un second mandat.

En tant que vice-président de la nation la plus puissante du monde, Nixon voyage beaucoup en Amérique du Sud et à Moscou, et reçoit un grand nombre d’éloges pour son courage et sa détermination face aux ennemis de l’Amérique. Il resta sur la scène politique nationale huit années durant, débattant face à Nikita Khrouchtchev sur les mérites respectifs du communisme et du capitalisme (25 juillet 1959), affrontant la foule en colère au Vénézuela. Encore une fois, Nixon fit un triomphe.
Pendant la présence d’Eisenhower et de Richard Nixon à la Maison Blanche, la puissance américaine est incontestée et incontestable. L’économie est florissante et on peut même s’acheter un très chic costume-cravate pour la modique somme de 50 dollars. Cependant, l’arrivée d’un régime communiste qui n’est qu’à seulement huit minutes d’avion des côtes de la Floride et qui nargue la plus grande puissance de la planète, entache quelque peu la fin du second mandat d’Ike Eisenhower.

La traversée du désert : de 1960 à 1968

En 1960, la campagne américaine pour les présidentielles démarre. Richard ‘Dick’ Nixon est le candidat favori des Républicains qui voient en lui l’héritier d’Eisenhower. Et pourtant, le soutien de l’ancien président tarde à venir, ce qui porte un léger handicap à la campagne menée par le vice-président Nixon. Pendant un certain temps, les Républicains sont les favoris pour la présidentielle. Reagan va même jusqu’à prononcer 200 discours de soutien à travers tous les États-Unis. Mais hélas, tout bascule lors des trois débats télévisés organisés pour l’occasion entre John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Lors du premier débat, Nixon porte un costume gris se confondant avec le décor tandis que son rival démocrate s’est habillé en noir. Nixon sort d’une campagne épuisante et d’un séjour à l’hôpital pour une opération du genou : il est pâle, ne s’est pas rasé et a du mal à se tenir debout, doit se tortiller pour trouver la position qui ne le gênera pas ; Kennedy est bronzé (il revient de plusieurs jours de campagne dans l’état de Californie), il est détendu et a pris soin de se raser car le débat a lieu en fin d’après-midi. Au début du mois d’octobre 1960, Nixon se décide à faire un blitz politique de dernière minute dans les états du Midwest (qui comprennent huit états) pour essayer tant bien que mal de compenser ses mauvaises prestations télévisuelles des 26 septembre, 7, 13 et 21 octobre.

Le dernier jour de la campagne, les résultats parlent d’eux-mêmes : Nixon perd par un écart d’une centaine de milliers de voix. Il perd les élections présidentielles, il ne sera pas celui reçu par Eisenhower lors de l’investiture de janvier 1961. Il se résigne à son sort et traverse une petite phase de dépression. Il est intéressant de noter qu’un sondage avait été effectué le lendemain du débat télévisé : ceux qui avaient écouté le débat à la radio avaient trouvé Nixon plus convaincant tandis que ceux qui l’avaient visionné à la télévision avaient voté Kennedy. Celui-ci propose à son ancien concurrent un poste dans son administration (ils avaient auparavant été très amis), mais le Républicain refuse. C’est le début du mythe Kennedy.

En 1962, Nixon se bat pour devenir gouverneur de Californie face au démocrate Pat Brown qui, lui, bénéficie largement du soutien du président Kennedy. Malheureusement pour Nixon, il peine à convaincre les électeurs californiens qu’il ne joue pas un remake de l’élection de 1960. Là encore, il perd de justesse face à un Edmund G. Brown qui se gonfle d’orgueil (avant de se faire battre par plus d’un million de voix d’écart par le Républicain Ronald Reagan en 1966). Le discours de Nixon est extrêmement amer ; critiquant les journalistes, il va jusqu’à leur attribuer une partie de sa défaite pour cause de faible présence dans les médias. A ce moment-là, bon nombre de gens pensent que la carrière politique de Richard Nixon est définitivement terminée. Une rumeur prétend que le soir du discours de concession, Nixon, saoul, battra sa femme (elle aussi portée sur la bouteille).

Après l’élection de 1962, Richard Nixon déménage à New-York où il reprend son travail d’avocat d’affaires, et devient réputé. Il prend la défense de sociétés, telle que Studebaker (compagnie américaine fabriquant des automobiles). En 1963, Kennedy est tué.

Mais en 1964, l’échec retentissant de Barry Goldwater aux présidentielles (seulement 38,5% et 6 états acquis aux Républicains) le pousse à se remettre sur les rails. En 1968, il se déclare à nouveau candidat. Aux primaires, ses principaux rivaux sont Ronald Reagan (le gouverneur de Californie), et le gouverneur de l’état de New-York Nelson Rockefeller. Nixon les bat avec une majorité de délégués, et Reagan ainsi que Rockefeller, s’étant pourtant unis dans un front anti-Nixon, reconnaissent leur défaite pendant la Convention Nationale Républicaine et se retirent. Nixon choisit comme colistier à la vice-présidence le gouverneur du Maryland Spiro T. Agnew. Ses adversaires Démocrates sont Hubert Humphrey et Georges McGovern (fort peu charismatiques) : en effet, le seul qui aurait pu constituer un réel danger pour Nixon, à savoir Bobby Kennedy, est assassiné pendant les primaires du Parti Démocrate le soir de la victoire de ce dernier en Californie.

Pour se faire élire, Nixon promet « la paix dans l’honneur » et déclare qu’il a un plan pour arrêter très vite la guerre du Vietnam (à ce sujet, il déclarera dans ses Mémoires qu’il n’y avait en réalité aucun plan). A la Convention Nationale du Parti Républicain, il prononce un discours capable d’attirer sur lui les espoirs du peuple américain, divisé par les émeutes raciales et la guerre du Vietnam :

« Mes chers compatriotes, le plus important de tout, c’est que nous gagnerons parce que notre cause est juste. Ce soir nous écrivons l’Histoire ; pas pour nous, non ! Mais pour les âges ! Le choix devant lequel nous faisons face aujourd’hui, en 1968, permettra de déterminer non seulement le destin des États-Unis, mais l’avenir et la paix mondiales pour le dernier tiers du XXème siècle. Et la question qui se pose à nous est : l’Amérique peut-elle relever ce défi ?

Pendant quelques instants, penchons-nous sur elle. Écoutons-là, et essayons de trouver la réponse à cette question.

Quand on regarde les États-Unis, on voit des villes entières ravagées par les flammes, et des millions de citoyens qui crient leur détresse. On perçoit des sirènes dans la nuit. Nous voyons nos citoyens mourir à l’étranger sur de sanglants champs de bataille. Nous les voyons même se haïr les uns les autres et s’entretuer chez nous. Avons-nous fait tout ce chemin pour cela ?

Nos jeunes sont-ils morts en Normandie, en Corée et à Valley Forge pour cela… ?

J’en fais le serment à vous tous : nous saurons freiner la vague de violence pour préserver notre jeunesse. »


De peur d’échouer à nouveau, il refuse le débat télévisé. En novembre 1968, Nixon est élu de justesse face à son concurrent Humphrey : 43,4% contre 42,7% et 13,9% pour les autres candidats.

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Le président Nixon

Les mandats (1968-1974)

Contrairement à une croyance fort répandue, les années Nixon ne furent pas si terrible qu’on veut le (faire ?) croire.
Il fut le premier président depuis 30 ans à effectuer une baisse du budget américain de la Défense ; très préoccupé par l’environnement, il créa l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis (EPA).
Il reconnu la Chine Populaire, ce qui eut pour conséquence le redémarrage des rapports diplomatiques et commerciaux avec la Chine en 1979 ainsi que l’amélioration des rapports avec l’Union Soviétique.
Il mit fin à la guerre du Vietnam en signant les Accords de Paris le 27 janvier 1973, en ayant peu auparavant effectué un remplacement progressif des troupes américaines par des soldats sud-vietnamiens.
Il signa le premier accord de désarmement avec l’Union Soviétique (le traité SALT), qui allait plus tard conduire à la signature d’un second traité de désarmement (SALT 2) sous Carter.
Il obtient l’engagement de négociations entre Israël et l’Egypte après la guerre du Kippour (1973).
Il se préoccupa aussi de la course à l’espace et des possibilités qu’offrait l’univers puisqu’il lança le programme de construction de la navette spatiale et c’est aussi sous son mandat que Neil Armstrong posa le pied sur la Lune grâce au programme Apollo 11 (21 juillet 1969).
En ce qui concerne l’énergie, il lança le Project Independance le 7 novembre 1973 pour tenter de réduire la dépendance énergétique des États-Unis, et limita la vitesse des automobiles à environ 90 km/h afin de réduire la consommation de pétrole (c’était l’époque de la crise pétrolière).

Du côté économique, Richard M. Nixon paya cher les déficits creusés par ses prédécesseurs. En 1971, à l’inflation vint s’ajouter la stagnation de l’économie américaine et la montée du chômage à 6%. L’administration supprimera la convertibilité du dollar en or, mettant ainsi un terme à l’ordre monétaire établi au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale par les accords dits de Bretton Woods. Nixon proposa un système de revenu minimum qui fut mis en échec par le Congrès. Il rendit cependant aux administrations locales un bon nombre de prérogatives qui avaient été accaparées par le gouvernement fédéral ; par ce fait, Nixon renforçait la décentralisation.

Cependant, bon nombre d’historiens s’accordent à dire que sous l’administration Nixon, la présence du gouvernement pour les entreprises et les citoyens n’aura pas cessé de croître, brisant ainsi en grande partie les promesses de Nixon de réduire le « monstre boursouflé du pouvoir fédéral ».

L’affaire du Watergate

En 1972 Nixon est réélu par un formidable raz-de-marée républicain ; l’année a cependant vu éclater les prémices d’une sordide affaire d’espionnage politique : le scandale du Watergate. Ce dernier commence lorsque, dans la nuit du 17 juin 1972, sept individus sont arrêtés par des policiers dans l’immeuble du Watergate, servant de Q.G de campagne au Parti Démocrate. Ces personnes, non-armés, transportent du matériel d’écoute et sont vêtus de costumes-cravates noirs élégants. On ignore pendant un certain temps le motif de leur présence dans l’immeuble du Watergate. Il s’appellent Gordon Liddy (il est celui qui a dirigé l’opération), Howard Hunt (un ancien de la C.I.A), Frank Sturgis, James McCord, Eugenio Martinez, Bernard Barker et Virgilio Gonzales. Bien vite, l’enquête, conduite par deux journalistes du Washington Post (Carl Bernstein et Bob Woodward), révèle que le scandale remonte jusqu’au plus haut niveau : non seulement jusqu’au Comité de Réélection de Nixon, mais à Richard Nixon lui-même.
Ces journalistes parviennent à éclairer une affaire qui est ensuite relayée par la justice américaine.

Une commission d’enquête sénatoriale parvient à la conclusion que certains proches de Nixon, parmi lesquels ses conseillers Bob Haldeman et John Erlichman, sont coupables de levée illégale de fonds, d’obstruction à la justice. L’enquête prouve aussi que Nixon a freiné la marche de la justice en 36 occasions distinctes, qu’il a abusé des pouvoirs de sa charge et qu’il a poussé ceux qui l’entouraient à faire de faux témoignages. Il a aussi tenté de soustraire à l’enquête les bandes audios comportant les enregistrements de toutes les conversations menées dans le Bureau Ovale. Ces enregistrements étaient pratiqués depuis l’administration de John Kennedy. Après s’être ardemment défendu par de multiples manœuvres de couloir et trois interventions télévisées, Nixon préfère donner sa démission quand il apprend qu’une procédure de destitution a été lancée contre lui par la Chambre des Représentants. Il quitte la Maison-Blanche le 9 août 1974.

Son vice-président, Gerald Ford (car Spiro Agnew a dû lui aussi démissionner peu auparavant pour des accusations d’évasion fiscale portées contre lui) lui succède immédiatement. Sa première action officielle est de gracier Richard M. Nixon. Ce dernier n’en sera pas moins rayé du barreau de l’état de New-York en 1976.

Richard Nixon a sans cesse tenté de se disculper.
Il a publié les 1000 pages de ses Mémoires en 1978, mais n’a jamais pu échapper à la controverse.
Après sa démission, Nixon a de nouveau voyagé en URSS et en Chine rouge ; mais uniquement à titre privée.

En 1976 ont lieu les fameuses interviews où le journaliste britannique David Frost cherche à faire avouer à Nixon ses multiples erreurs. Lors de la quatrième entrevue, le public américain assista à l’un des plus pathétiques passages de l’histoire de la télévision : le visage de Richard Nixon abattu, déprimé. « C’est moi qui ai causé ma perte ; je leur ai donné une épée. Et ils l’ont enfoncée dans mon corps en se réjouissant. J’imagine que si j’avais été à leur place, j’aurais fait la même chose : j’ai laissé tomber mes amis, j’ai laissé tomber le pays. J’ai abandonné le peuple américain. Et je devrai porter ce fardeau pour le reste de ma vie. »

Les entrevues de Nixon demeurent les interviews ayant eu le plus de succès dans toute l’histoire de la télévision.

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Richard Nixon est mort en 1994, moins d’un an après le décès de sa femme Patricia, après avoir eu le temps d’écrire six livres (dont l’un des plus réussis se nomme La Vraie Guerre et qui est un véritable appel à la résistance contre le bloc de l’Est). Tous les présidents américains encore en vie sont présents à ses funérailles. Certains historiens continuent à débattre sur la personnalité de l’homme : était-il un fantastique visionnaire ou au contraire, un paranoïaque ambitieux et sans scrupules ? Dans une conversation téléphonique, Kennedy et Pat Brown parlent de Nixon et le décrivent comme un psychotique. Nous leur laisserons ce point de vue. En tous les cas, il est évident que Nixon fut un homme complexe et tourmenté de sombres démons. Convaincu qu’il était condamné à être trahi et calomnié, il s’est retranché sur lui-même et s’est, dans le fond, acharné à se couper du monde entier.

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