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La guerre du Péloponnèse, débutée en 431, aboutit à la défaite d’Athènes en 404 et met fin à un équilibre instauré depuis les guerres médiques dans le monde grec. Athènes ne possède presque plus de flotte, ses Longs Murs ont été rasés et la ligue de Délos démantelée. Quand débute le IVe siècle, Sparte, à la tête de la ligue du Péloponnèse, paraît être la puissance dominante. Pourtant, la cité a fortement souffert de la guerre: les pertes en vies humaines ont été importantes et des luttes internes sont apparues autant dans les cités vaincues que vainqueurs. Comment évolue le monde grec de l’après-guerre ?

Le monde grec après la guerre du Péloponnèse

Athènes et Sparte

La victoire de Sparte sur Athènes ne signifie par pour autant un transfert d’hégémonie. En effet, la cité spartiate a été très éprouvée par la guerre, tandis qu’Athènes connaît un redressement spectaculaire.
En premier lieu Athènes refait son unité politique. De 403 à 399, la législation est complètement revue et les grandes lois démocratiques republiées. L’assemblée des citoyens retrouve sa souveraineté et se voit attribuer le contrôle du gouvernement par un ensemble de procédures judiciaires comme l’eisangélie (dénonciation pour trahison). Les derniers des Trente tyrans sont exécutés en 401. De nombreux procès s’ouvrent dont celui de Socrate, resté le plus célèbre (399). Mais aussi, Athènes redevient rapidement une puissance militaire: les Perses, soucieux de préserver un équilibre dans le monde grec entre les cités afin d’éviter toute tentative hégémonique, aident financièrement les Athéniens à reconstituer leur flotte jusqu’en 386. En 394, Sparte subit une défaite navale face à Athènes à Cnide. En 377, Athènes fonde une nouvelle confédération, de nature différente de la ligue de Délos.

De son côté, Sparte connaît une grave crise interne en 399: la « conspiration de Cinadon ». Sparte connaît alors comme Athènes des revendications égalitaires. A l’occasion d’un changement de règne et de funérailles royales, un jeune homme, Cinadon, tente de soulever contre les Spartiates tous les exclus de la politique: hilotes, périèques, néodamodes et « Inférieurs ». Les conjurés s’armèrent. Informées du projet par une dénonciation, les autorités le firent échouer en arrêtant le meneur.

Le temps de Thèbes

Vers 370, Thèbes, en Béotie, est en pleine ascension politique et militaire. En 446 avait été créé une confédération béotienne regroupant 11 cités dont Thèbes, la plus puissante. Au lendemain de la guerre du Péloponnèse, Thèbes contrôle directement 6 cités béotiennes. Le potentiel militaire est considérable puisque chaque cité fournit 1000 hoplites et 100 cavaliers. Les béotiens Epaminondas et Pélopidas contestent l’hégémonie spartiate vers 380-370. Le basculement des rapports de force a lieu lorsque les Béotiens défont les Spartiates à la bataille de Leuctre en 371. De 371 à 361, Epaminondas mène une campagne militaire dans le Péloponnèse et démantèle la puissance spartiate. Le roi de Perse reconnaît le transfert d’hégémonie de Sparte à Thèbes en 367. Cependant, Thèbes connaît une phase de déclin à partir de 360, même si elle reste une cité sur laquelle il faut compter.

L’aspiration à la paix

Dans la première moitié du IVe siècle se développe une idéologie pacifiste dans l’ensemble de la Grèce, expliquant en partie le déclin des puissances grecques. La guerre est alors vue comme un facteur d’appauvrissement et de déstabilisation. C’est à Athènes que l’aspiration à la paix est la plus visible. En 374, Athènes instaure un culte officiel à la Paix, figure abstraite divinisée dont le sanctuaire est installé sur l’agora. A partir de 371, l’athénien Callistrate se fait l’artisan d’un rapprochement avec Sparte, politique remise cependant en cause dix ans plus tard. En 354, un homme politique nouveau, Euboulos, arrive au pouvoir à Athènes. S’appuyant sur les déçus de la guerre, il entreprend une politique de reconstruction et d’enrichissement au détriment des dépenses militaires.
Pendant que les cités grecques réduisent leur puissance militaire, au Nord, le roi Philippe II de Macédoine nourrit de grandes ambitions et conquiert les Etats proches. Il met sur pied une armée redoutable dans le but d’unifier la Grèce sous l’hégémonie macédonienne.

Philippe II et l’unification de la Grèce

La Macédoine à l’avènement de Philippe

C’est en 356 que Philippe devient roi de Macédoine. Le royaume de Macédoine est alors un Etat situé dans une région continentale et montagneuse, à la périphérie du monde grec, faisant partie de sa civilisation (les Macédoniens participent aux Jeux Olympiques) mais demeurant à l’écart de ses transformations. L’Etat est composé de populations d’origines différentes, certains grecques, d’autres préhélleniques, sa cohésion reposant essentiellement sur la dynastie des Argéades. Les relations entre la Macédoine et le reste du monde grec sont anciennes: Athènes récupérait le bois pour la construction de ses navires en Macédoine, pays riche en forêts.

Dans le monde grec, les opinions divergent sur le nouveau roi de Macédoine. Certains y voient une menace, un homme assoiffé de conquête et de pouvoir. D’autres, au contraire, voient en Philippe l’homme providentiel capable d’unifier la Grèce (fort sentiment panhellénique). Par ailleurs, l’idée monarchique est remise au goût du jour par les théoriciens: la royauté est alors vue comme un régime stable et légal. A partir de 356, l’orateur Isocrate place ses espoirs en Philippe, défenseur de l’hellénisme.

La guerre contre Philippe

Les premières campagnes macédoniennes en Thrace ont lieu dès 357. En 349, Philippe s’en prend à Olynthe, en Thrace, qui sollicite l’aide d’Athènes. La cité tombe en 348 avant que l’expédition de secours athénienne n’arrive. A Athènes, le politique Démosthène, jusque là hésitant, rompt avec le parti de la paix et décide de mener une politique de réarmement. Il accuse les partisans du roi de corruption et mène une série de procès politiques qui secouent l’opinion. Il se met à mener une politique intransigeante et soutient l’idée d’une offensive: un corps expéditionnaire composé de mercenaires est envoyé en Chersonèse en 343 et attaque Cardia, cité alliée de Philippe. Démosthène finit par diriger complètement la politique athénienne. Il réclame lors d’une séance un effort de la cité accru, autant militaire que diplomatique, invitant les Athéniens à se faire des défenseurs de la liberté grecque. Il entreprend lui-même des démarches auprès des cités dont il souhaite obtenir une alliance.
En 340, la guerre éclate entre Athènes et Philippe. Les premières opérations militaires se déroulent autour de Périnthe et Byzance. Les Grecs parviennent dans un premier temps à faire abandonner le siège de Byzance par Philippe. Peu après, Philippe signe la paix avec Byzance et Périnthe.
Les Béotiens, qui soutenaient jusque là Philippe, commencent à se montrer inquiets. En représailles, la forteresse d’Elatée est prise. De nouvelles propositions de paix de Philippe au printemps 338 sont repoussées. Les événements vont alors très vite.

La victoire macédonienne

Après la prise d’Amphissa malgré l’envoi d’une armée de renfort de 10 000 mercenaires, l’armée macédonienne pénètre en Béotie où a lieu la bataille décisive de Chéronée, en 338, qui voit la victoire de Philippe sur les Grecs coalisés. A la nouvelle de la défaite, les Athéniens sont pris de panique, prêts à prendre des mesures d’urgence comme la libération en masse et l’armement des esclaves pour défendre la cité. Ce projet est décrété illégal par l’Aéropage. La défense de la cité est confié au stratège Phocion, un partisan de la paix. Des négociations ont rapidement lieu et aboutissent à l’alliance entre Athènes et Philippe. La confédération athénienne est dissoute mais Athènes garde quelques îles et se voit restituer les soldats faits prisonniers à Chéronée. A partir de là, Philippe II, ayant parcouru l’ensemble de la Grèce et reçu un accueil plutôt favorable dans les cités (à l’exception de Sparte), met en place son hégémonie. Au Congrès de Corinthe, il proclame la paix macédonienne et devient le leader (hegemon) des Grecs.



En 336, le roi Philippe II meurt assassiné. Son fils Alexandre lui succède et reprend le projet de son père. Il unit les Grecs dans un grand projet de campagne militaire contre les ennemis de toujours, les Perses. La conquête de l’Asie paraît être un moyen de fonder des colonies et de résoudre la crise que traverse certaines régions de Grèce. Dès 334 débute l’offensive qui mènera Alexandre aux rives de l’Indus. L’époque hellénistique commence.

Bibliographie :
Baslez, Marie-Françoise. Histoire politique du monde grec antique. Armand Colin, 2004.
Mossé, Claude ; Schnapp-Gourbeillon, Annie. Précis d’histoire grecque. Armand Colin, 2003.

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