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L’empire achéménide est le premier empire perse à recouvrir de vastes territoires allant de l’Asie mineure et l’Egypte à l’Ouest, à l’Afghanistan et le Pakistan actuels à l’Est. Il tient son nom d’Achémènès, personne probablement légendaire, et est fondé par Cyrus II le Grand, au VIe siècle av. J.-C., lequel libère les Perses de la domination mède. Il menace par deux fois la Grèce avant d’être conquis par le macédonien Alexandre le Grand.

L’évolution de l’empire

La construction de l’empire

L’installation des Perses dans l’actuel golfe Persique demeure mal connue. Vers 560 av. J.-C., un homme nommé Cyrus, appartenant à la famille des Teispides, devient « roi de l’Anshan », parvient à agréger des territoires à son royaume puis affronte son suzerain Astyage, roi des Mèdes, alors en difficulté. Cyrus vainqueur laisse la vie sauve à Astyage et se présente comme son successeur légitime, ce qui le conduit à se heurter aux puissances voisines de Lydie et de Babylone. Crésus, roi de Lydie, inquiet de l’influence grandissante des Perses, attaque Cyrus en 547-546 mais ce dernier sort vainqueur et capture son royaume. Cyrus se tourne ensuite vers Babylone qu’il prend en 539. Les étapes des conquêtes perses restent obscures pour les historiens. Le roi perse se révèle un administrateur habile, respectant les traditions locales et gagnant la sympathie des élites, ce qui lui permet de consolider son pouvoir.
Le fils de Cyrus, Cambyse, conquiert l’Égypte de 525 à 522, alors dernière grande puissance de la région. Les revenus de biens fonciers que perçoivent les temples égyptiens diminuent fortement, entraînant le mécontentement des administrateurs de ces sanctuaires. Cela et les deux révoltes égyptiennes qui suivent sa mort (522) lui valent une légende noire, Hérodote le décrivant comme un despote fou et brutal. Il s’ensuit une crise politique en Perse qui aboutit à la prise du pouvoir de Darius Ier, appartenant à une autre lignée que Cyrus et Cambyse, les Achéménides. Le nouveau roi doit employer son ingéniosité pour rattacher sa famille à celle de se prédécesseurs, pour se présenter comme leur successeur légitime. Après avoir maté plusieurs rebellions dans l’Empire, Darius s’attaque à la Grèce mais échoue à Marathon en 490, ce qui le contraint à limiter l’Ouest de son empire à l’Asie Mineure.

L’empire à son apogée

Xerxès Ier parvient au pouvoir en 486 et se voit obligé de consolider son autorité : des révoltes éclatent en Egypte et en Grèce et le début du règne commence par une expédition en Egypte. Le nouveau souverain se dirige ensuite vers la Grèce où il défait les Grecs aux Thermopyles avant d’être battu sur mer à Salamine (480) et sur terre à Platées (479). Il parvient à reprendre en main la Babylonie et à stabiliser le pouvoir central. Les successeurs de Xerxès, à commencer par son fils Artaxerxès, s’appliquent à contenir les Grecs (la ligue de Délos est fondée par Athènes en 478) et à développer les autres territoires de l’empire. Jusqu’à l’avènement du dernier souverain achéménide, Darius III, les assassinats et les usurpations dynastiques se multiplient en Perse, néanmoins à aucun moment ces troubles ne représentent une menace pour la survie de l’empire.

La chute des Achéménides

Darius III, dernier roi achéménide, arrive sur le trône en 336 à la suite de complots politiques. Ayant peu d’expérience dans le gouvernement de l’empire, il parvient néanmoins à ramener l’ordre en Egypte. Au printemps 334, la conquête d’Alexandre commence : ce dernier traverse l’Hellespont sans que Darius ne prenne la mesure du danger. Les Perses sont battu une première fois à la bataille du Granique (mai 334) puis une seconde fois à la bataille d’Issos (novembre 333) où Darius commande l’armée en personne. Il prend la fuite et ne peut empêcher Alexandre de s’emparer de la Phénicie et de l’Egypte. Le souverain perse en profite pour rassembler une nouvelle et imposante armée comprenant des éléphants de guerre mais il est définitivement battu à la bataille de Gaugamèlès le 1er octobre 331. Abandonné par ses fidèles, il est assassiné par plusieurs satrapes en 330. L’empire achéménide prend fin avec la mort de Darius III.

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Darius III à la bataille de Gaugamèlès.

La chute de l’empire achéménide est moins due à des troubles politiques qu’à la capacité militaire exceptionnelle d’Alexandre. Alexandre va se présenter, non comme le libérateur des peuples dominés par les Perses, mais comme le successeur naturel du dernier achéménide, Darius III. La Perside reste calme après la mort d’Alexandre, en revanche, en Bactriane, Inde et Médie, des rebellions éclatent. Séleukos Ier, l’un des généraux d’Alexandre, marié à une princesse iranienne nommée Apama, conquiert la Mésopotamie et l’Iran depuis sa base en Babylonie entre 312 et 301 av. J.-C. Ainsi s’ouvre la période séleucide.

L’organisation politique de l’empire

Le pouvoir central et la capitale


A l’époque achéménide, le roi perse tient avec sa famille une place centrale dans l’empire, mais celui-ci s’appuie aussi sur les élites indigènes locales dont il s’assure la fidélité en distribuant des cadeaux, récompenses et honneurs à ceux qui sont de bons serviteurs. Le roi tient son pouvoir du dieu Auramazda sans être pour autant de descendance divine ; ce pouvoir est absolu et comprend la désignation de son successeur. Les souverains mènent une politique de tolérance religieuse, à condition que les croyances des sujets n’aient pas de conséquences néfastes sur le bon fonctionnement de l’empire. Il n’y a pas de véritable religion d’Etat même si les rois successifs détournent certains concepts du zoroastrisme à des fins politiques.

Le palais royal constitue le centre administratif central de l’empire. C’est peu après son accession au pouvoir (515) que Darius entame la construction de Persépolis, sa nouvelle ville de résidence. Son fils Xerxès Ier poursuit les travaux tandis que son successeur Artaxerxès Ier les interrompt. La dernière phase de construction a lieu sous le règne d’Artaxerxès III. Le palais et la résidence royale sont situés à une altitude de 1100 mètres, sur une terrasse artificielle de 450 mètres sur 300 mètres, au pied de la montagne Kue-e Rahmat, le « Mont de la Miséricorde ». Les déplacements du souverain rendent néanmoins la notion de capitale relative puisque le pouvoir central se situe là où est le roi, lequel se déplace souvent avec sa cour. Généralement, les mois les plus chauds, il est en altitude à Ecbatane ou à Persépolis tandis qu’il passe les mois les plus froids à Suse ou Babylone.

L’administration des provinces

La personne à la tête de circonscriptions territoriales s’appelle le « satrape » (littéralement « celui qui protège le pouvoir/l’empire »). Il est le représentant du roi à l’échelon régional. Sa Cour est organisée de la même façon que la Cour royale, il dispose de sa propre chancellerie, de sa propre trésorerie et commande sa garnison. De nombreux fonctionnaires sont placés sous ses ordres. Sous Darius Ier, on compte au moins vingt satrapies. Le satrape est surveillé par des inspecteurs royaux, agents parcourant l’empire accompagnés de troupes en cas de nécessité d’intervention immédiate.

Les finances, impôts et tributs

Avant la réforme de Darius Ier, les impôts n’étaient pas fixes et prélevés régulièrement. Darius fixe leur montant, soit en argent pesé (argent brut, vaisselle, monnaies, etc.) soit pour l’Inde en poussière d’or. Chaque année, 250 tonnes d’argent et 360 talents (un talent équivaut à 240 grammes) de poussières sont ainsi récoltés. La majeure partie des impôts est acheminée vers les capitales sous forme d’argent métal fondu tandis que le reste est destiné aux satrapes. Certains peuples comme les Arabes, les Ethiopiens ou les Colchiens sont exemptés de tribut mais offrent néanmoins des cadeaux et dons divers au souverain en reconnaissance de sa suzeraineté. La Perside, en tant que province centrale de l’Empire, est aussi exemptée de tribut. D’autres impôts viennent enfin s’ajouter aux tributs comme les taxes douanières ou les taxes sur les marchés. A la fin de l’ère achéménide, Alexandre le Grand aurait conquis 4800 tonnes d’or et d’argent (180 000 talents).

La société et l’économie

Les classes sociales

La société perse aurait, selon les textes anciens, été divisée en quatre strates : les prêtres, les guerriers, les éleveurs de bétail et les artisans Cette classification quadripartite perdure jusqu’à l’époque sassanide sous les dénominations « classe des prêtres », « classe des guerriers », « classe des agriculteurs » et « classe des artisans ». L’appartenance à l’une de ces catégories est héréditaire et non franchissable, sauf cas exceptionnels. D’autres critères divisent la société perse : d’un point de vue social les puissants et les faibles ; d’un point de vue ethnique ceux qui appartiennent à l’Empire et ceux qui y sont étrangers. L’esclavage est présent dans l’empire achéménide mais peu développé.

L’agriculture et l’artisanat

L’agriculture joue un rôle économique de premier plan dans la Perse antique comme l’attestent les revenus de l’Etat perse. L’orge constitue la nourriture de base pour le peuple, le blé est plus rare et essentiellement cultivé autour de Suse. Les lentilles, les petits pois, les raisins sont d’autres éléments qui participent à l’alimentation des Perses. Du côté de la viande, un morceau de chèvre de temps à autre vient compléter le régime alimentaire, plus rarement du mouton ou de la volaille.
Dans l’artisanat, les tablettes économiques élamites du Trésor nous enseignent que la cour achéménide emploie des centaines d’artisans, principalement des ouvriers (métiers du bâtiment et de la décoration ornementale) travaillant sur Persépolis mais aussi des orfèvres (spécialisés dans l’or ou l’argent), des fondeurs, forgerons, tailleurs de pierre, maçons, travailleur du bois, fabricants de textile, etc. Ces artisans sont pour beaucoup originaires de régions lointaines (Babyloniens, Assyriens, Arabes, Egyptiens, Thraces, Ioniens, Cappadociens,…). Certains viennent de leur plein gré, notamment les travailleurs les plus qualifiés, d’autres sont déportés selon une pratique courante.

Commerce et infrastructures

Le commerce international est florissant sous l’ère achéménide grâce à un réseau de routes développé et sûr, dont la voie la plus impressionnante est la « route royale » qui relie Sardes à Suse sur plus de 2400 km. Le commerce maritime est facilité par la présence de nombreux ports le long du golfe Persique et par le percement du canal de Suez par Darius Ier. De l’Inde arrivent de l’or, de l’ivoire et des huiles aromatiques ; de la Grèce de l’huile d’olive, du vin et des céramiques. A l’intérieur de l’empire, la Babylonie constitue la plaque tournante du commerce entre les provinces occidentales de l’Asie Mineure, la Phénicie, la Palestine et l’Egypte et les provinces de l’Est.

Bibliographie :
Huyse, Philip. La Perse antique. Éditions Les Belles Lettres, 2005.

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