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Inscrit le 19/12/2008 | Extrait de La Guerre de Crimée, 1853-1856. La première guerre moderne d'Alain Gouttman (Perrin, 2003), page 367 :
« Le 17 octobre [1855], c'est un autre échec pour le tsar, beaucoup plus retentissant : les alliés, aux ordres du général Bazaine, promu divisionnaire, s'emparent en un seul jour de la forteresse de Kinburn qui commande, sur la rive gauche d'une sorte de golfe intérieur appelé liman, le débouché commun du Bug et du Dniepr. Victoire obtenue, comme l'année précédente à Bomarsund, grâce à une action combinée des flottes et d'un corps de troupes débarqué à proximité de la place avec une artillerie complétant celle des flottes. A la grande honte du vieux général Kohanovitch qui la commande, la garnison ne peut résister que quelques heures à une stratégie désormais parfaitement au point et aux effets dévastateurs d'une toute nouvelle artillerie de marine, construite sur instruction personnelles de Napoléon III : les « batteries flottantes », sorte de navires fortement blindés, presque entièrement immergés, lourdement armés, leurs formes arrondies peintes en gris, susceptibles d'ouvrir le feu à proximité immédiate de leurs objectifs sans offrir pratiquement de prise au tir adverse. Les compétences militaires de l'empereur auront l'occasion, par la suite, d'être suffisamment critiquées, pour qu'on ne constate pas qu'avec la Lave, la Dévastation et la Tonnante, il est un peu le père du cuirassé moderne2.
2. Les « batteries flottantes », avec leur blindage de 100 mm d'épaisseur, mettaient fin au règne des vieilles « murailles de chêne » que les amiraux n'osaient plus exposer aux obus. Le premier véritable cuirassé sera français : la Gloire, de l'ingénieur Dupuy de Lôme, mis sur cale en 1858, un an avant le premier cuirassé anglais. Nos alliés ne manqueront naturellement pas, dès l'année suivante, de faire plus grand, plus lourd, et plus puissant... » |