

32 ans Messages : 336
Inscrit le 19/12/2008 | Bonjour,
Quelle surprise de voir que déjà au milieu du XVIIIe siècle, on songeait déjà, au sein des milieu cultivés, au travail le dimanche !
Voici ce que dit la célèbre Encyclopédie de Diderot à l'article "Dimanche" :
« LÉglise ordonne pour le dimanche de sabstenir des uvres serviles, suivant en cela linstitution du Créateur : elle prescrit encore des devoirs & des pratiques de piété ; en un mot un culte public & connu. La cessation des uvres serviles est assez bien observée le dimanche, & il est rare quon manque à cette partie du précepte, à moins quon ny soit autorisé par les supérieurs, comme il arrive quelquefois pour des travaux publies & pressans, ou pour certaines opérations champêtres quil est souvent impossible de différer sans sexposer à des pertes considérables, & qui intéressent la société. [...]
M. labbé de Saint-Pierre qui a tant écrit sur la science du gouvernement, ne regarde la prohibition de travailler le dimanche (Voyez uvres politiq. tome VII. p. 73 & suivantes), que comme une regle de discipline ecclésiastique, laquelle suppose à faux que tout le monde peut chommer ce jour-là sans sincommoder notablement. Sur cela il prend en main la cause de lindigent (ibid. p. 76.) & non content de remettre en sa faveur toutes les fêtes au dimanche, il voudroit quon accordât aux pauvres une partie considérable de ce grand jour pour lemployer à des travaux utiles, & pour subvenir par-là plus sûrement aux besoins de leurs familles. [...]
[Remarquez l'intention charitable : est-elle de bonne foi ?
Vu ce qu'ont écrit les philosophes sur le petit peuple, il est légitime d'en douter]
Quoi quil en soit, il prétend que si on leur accordoit pour tous les dimanches la liberté du travail après midi, supposé la messe & linstruction du matin, ce seroit une uvre de charité bien favorable à tant de pauvres familles, & conséquemment aux hôpitaux ; le gain que feroient les sujets par cette simple permission, se monte, suivant son calcul, à plus de vingt millions par an. [...]
[On va même jusqu'à calculer combien cela pourrait rapporter !]
On la déja dit : on peut estimer à plus de vingt millions par an le gain que feroient les pauvres par cette liberté du travail. Une telle conomie mérite bien, ce me semble, lattention du ministere, puisque souvent pour de moindres considérations lon permet de travailler les fêtes & dimanches, comme nous lavons remarqué plus haut. Mais en attendant quil se fasse là-dessus un réglement avantageux aux pauvres familles, ne peut-on pas proposer dans le même esprit, demployer quelques heures de ce saint jour pour procurer à tous les villages & hameaux certaines commodités qui leur manquent assez souvent ; un puits, par exemple, une fontaine, un abreuvoir, une laverie, & c. & sur-tout pour rendre les chemins beaucoup plus aisés quon ne les trouve dordinaire dans les campagnes éloignées. En effet, quoique les grandes routes soient en bon état presque par tout le royaume, il reste encore plusieurs chemins de traverse où il y a beaucoup à refaire, & dont la réparation seroit très-utile aux peuples. »
[Sans commentaire, chacun jugera ...]
L'article complet de l'Encyclopédie :
http://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/Volume_4#DIMANCHE
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