LXXXVIII. [...] Les assiégés [les Gaulois], ayant vu de la ville le massacre et la déroute des leurs, désespèrent de leur salut et font éloigner leurs troupes de nos retranchements. En apprenant ce qui se passe, les Gaulois s'enfuient hors de leur camp. Si les soldats n'avaient pas été épuisés par de nombreuses corvées et la fatigue de toute une journée de combat, ils auraient pu détruire entièrement l'armée ennemie. Au milieu de la nuit, la cavalerie fut envoyée à la poursuite de l'arrière-garde ; un grand nombre de ceux qui la composaient furent tués ou faits prisonniers ; les autres, après la déroute, se retirèrent dans leurs cités.
LXXXIX. Le lendemain, Vercingétorix ayant convoqué une assemblée, expose « que ce n'est point dans son propre intérêt, mais pour la liberté commune, qu'il a entrepris cette guerre ; et puisqu'il faut céder à la fortune, il se remet entre leurs mains, soit qu'ils veuillent par sa mort donner satisfaction aux Romains, soit qu'ils veuillent le livrer vivant. » On envoie des députés à César pour traiter de cette affaire. Il ordonne de livrer les armes, de lui amener les chefs ; il se place en avant du camp, sur un retranchement, et c'est là que les chefs sont conduits. Vercingétorix lui est livré ; les armes sont jetées devant lui. Il ne fit d'exception que pour les Éduens et les Arvernes, dans l'espoir qu'il pourrait par leur entremise se rattacher les cités, et les autres prisonniers furent distribués par tête et comme butin entre toute l'armée.
XC. Quand tout fut terminé, il se rend chez les Éduens et reçoit leur soumission ; les Arvernes lui envoient des députés pour l'assurer qu'ils sont prêts à faire ce qu'il leur enjoindra. Il leur ordonne de livrer un grand nombre d'otages. Il met les légions en quartiers d'hiver ; il rend environ vingt mille prisonniers aux Éduens et aux Arvernes ; il fait partir T. Labiénus avec deux légions et la cavalerie pour le pays des Séquanes, et lui adjoint M. Sempronius Rutilus ; il place avec deux légions le lieutenant C. Fabius et L. Minucius Basilus chez les Rémois, pour empêcher leurs voisins, les Bellovaques, de leur causer quelque dommage. Il envoie, chacun avec une légion, C. Antistius Réginus chez les Ambivarètes, T. Sextius chez les Bituriges, C. Caninius Rébilus chez les Rutènes. Il cantonne Q. Tullius Cicéron et B. Sulpicius à Cabillon et à Matiscone, dans le pays des Éduens, au bord de la Saône, et les charge de pourvoir aux subsistances. Les lettres de César ayant fait connaître ces événements à Rome, des actions de grâce furent rendues aux dieux pendant vingt jours.
Caius Julius Caesar, Guerre des Gaules, VII. Traduction de Ch. Louandre, 1860.
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