Les enfants sont admis sans aucune condition d'âge dans les usines et manufactures, et y sont soumis à un travail prolongé, qui dépasse leurs forces, ruine leur santé, et ne laisse aucune place à la culture de leur intelligence et de leurs facultés morales. Sur 5480 enfants que compte l'arrondissement de Lisieux, 1040, c'est-à-dire un cinquième environ, ne fréquentent pas les écoles parce que leurs parents aiment mieux leur faire gagner de suite une modique rétribution dans les manufactures que d'assurer leur avenir en les laissant grandir dans des conditions de salubrité physique et morale.
Ces enfants n'atteignent jamais qu'un développement incomplet et donnent à leur tour naissance à des générations plus malingres et plus rachitiques encore. Aussi est-on effrayé pendant la session des conseils de révision, de trouver dans un pays où la race serait naturellement belle si elle vivait dans des conditions normales, un si grand nombre de jeunes gens physiquement défectueux, qu'il est très difficile de parfaire le contingent.
Le remède se trouve du reste tout entier dans la loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants dans les manufactures, et la seule difficulté consiste à la faire exécuter. De nombreuses tentatives ont été faites pour y parvenir, mais il faut le reconnaître, jusqu'à présent elles ont été complètement infructueuses, et la loi du 22 mars est restée une lettre morte.
Extrait d'un rapport du sous-préfet de Lisieux, 30 septembre 1858. Archives départementales du Calvados, série M, police générale, rapports, 1852-1859.
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