Une opposition de gauche au 14 juillet (1883)

Le 14 juillet 1883, le mot d'ordre fut lancé par les anarchistes d'arborer le drapeau noir ; celui-ci fut promené ou accroché aux fenêtres en signe de protestation contre le gouvernement tandis que les murs furent recouverts de centaines de placards anarchistes arrachés et lacérés par la police. Le placard anarchiste indique :

Vous êtes le nombre ; pourquoi donc êtes-vous opprimés et exploités ? Pourquoi supportez-vous la misère, tandis que vos exploiteurs accaparent sans rien produire les richesses, fruit de votre travail ?
Oh ! n'écoutez pas les lâches conseils de ceux qui vous disent sans cesse d'atermoyer l'action révolutionnaire. Jusqu'au moment où l'accord soit fait entre vous tous quant à l'adoption d'un système économique quelconque : la loi du progrès indéfini ne rend-elle pas cet accord fatalement impossible ? Ne vous laissez pas leurrer plus longtemps.
Pour être la force invincible, vous n'avez qu'à vouloir résolument détruire l'autorité gouvernementale toujours instituée contre vous.
Saisissez toutes les occasions de battre en brèche cette autorité abominable ; traquez tous ses fauteurs et ses agents comme on traque des bêtes féroces : N'êtes-vous pas vis-à-vis d'eux en état continuel de légitime défense ?
A leur drapeau devenu le symbole des dilapidations, des débauches, des palinodies, des cruautés et des hontes, opposez le Drapeau Noir, signe de souffrance et de deuil... jusqu'à ce que l'avènement de la justice populaire permette enfin d'arborer le Rouge Étendard de la liberté absolue et de l'égalité.
Il faut qu'au 14 Juillet prochain le DRAPEAU NOIR apparaisse aux fenêtres des prolétaires et au milieu de la fête par laquelle nos sinistres Gouvernants veulent essayer de confisquer à leur profit la grande date révolutionnaire qui appartient uniquement au Peuple. Ces Drapeaux Noirs diront hautement que la République actuelle est un mensonge et que pour avoir la République vraie, les Travailleurs sont prêts à faire une nouvelle Révolution.