Au cours de la fin de l'été 1789 s'engagent des débats sur les conditions de vote et d'éligibilité des députés de l'Assemblée nationale. Une distinction est faite entre citoyens actifs (droit de vote) et citoyens passifs. Pour pouvoir voter pour des délégués, les citoyens actifs devront payer un impôt direct équivalent au moins à trois journées de travail. Pour être délégué (voter pour élire les députés), il faudra payer un impôt au moins égal à dix journées de travail. Pour être élu député il faudra acquitter un impôt équivalent au marc d'argent (50 livres). Cette disposition est violemment combattue par Robespierre, l'abbé Grégoire et Desmoulins.
Il n'y a qu'une voix dans la capitale, bientôt il n'y en aura qu'une dans les provinces contre le décret du marc d'argent : il vient de constituer la France en gouvernement aristocratique, et c'est la plus grande victoire que les mauvais citoyens aient remportée à l'Assemblée nationale. Pour faire sentir toute l'absurdité de ce décret, il suffit de dire que J. J. Rousseau, Corneille, Mably, n'auraient pas été éligibles...
Pour vous, ô prêtres méprisables, ô bonzes superbes et stupides, ne voyez-vous donc pas que votre dieu n'aurait pas été éligible ? Jésus-Christ, dont vous faites un dieu dans les chaires, dans la tribune, vous venez de le reléguer parmi la canaille ! Et vous voulez que je vous respecte, vous, prêtres d'un dieu prolétaire et qui n'était pas même un citoyen actif ! Mais que voulez-vous dire avec ce mot de « citoyen actif » tant répété ? Les citoyens actifs, ce sont ceux qui ont pris la Bastille ; ce sont ceux qui défrichent les champs, tandis que les fainéants du clergé et de la cour, malgré l'immensité de leurs domaines, ne sont que des plantes végétatives, pareils à cet arbre de l'Évangile qui ne porte point de fruits, et qu'il faut jeter au feu...
« Quand il n'y a plus d'équité, quand le petit nombre opprime le grand, je ne connais plus qu'une loi sur la terre, celle du talion. »
Camille Desmoulins, Révolutions de France et de Brabant (n°3, décembre 1789). Cité dans : Sigismond Lacroix, Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution, t. III, Paris, L. Cerf et Charles Noblet, 1895, pp. 581-582.
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