Chaque empereur avait le pouvoir d'accorder la citoyenneté romaine à des individus et à des communautés, et chacun appliqua ce droit avec plus ou moins de largesse. Suétone évoque ici la politique d'Auguste, qui aurait été sévère en matière d'octroi de la citoyenneté. Ce jugement n'est cependant vrai que pour la seconde partie de son règne, Auguste s'étant montré auparavant bien plus généreux.
... comme [Auguste] attachait beaucoup d'importance à préserver le peuple romain de tout mélange impur avec les étrangers et les esclaves, il n'accorda que très-rarement le droit de cité romaine, et mit des restrictions à l'affranchissement. Tibère intercédait pour un Grec de ses clients : il lui écrivit « qu'il n'y consentirait que s'il lui prouvait de vive voix qu'il avait de justes motifs pour le demander. » Livie sollicitait la même grâce pour un Gaulois tributaire : il refusa le droit de cité, mais il offrit l'exemption d'impôt, assurant « qu'il consentirait plus volontiers à faire perdre quelque chose au fisc, qu'à prostituer la dignité de citoyen romain. » Non content d'avoir mis beaucoup d'entraves à l'affranchissement des esclaves, et d'avoir rendu plus difficile encore l'obtention de la liberté pleine et entière, il régla avec soin le nombre, la condition et la différence de ceux qu'on affranchissait, et stipula en outre que quiconque aurait été mis aux fers ou à la torture n'obtiendrait jamais le droit de cité, quel que fût le mode d'affranchissement.
Suétone, « Auguste » dans la Vie des douze Césars (fin du Ier siècle, début du IIe siècle), XL, traduction de É. Pessonneaux, Paris, Charpentier, 1861, p. 95.
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