L'instruction donnée par Philippe d'Orléans, comte de Paris et unique prétendant au trône de France, aux représentants du parti monarchiste de France témoigne d'une évolution de la doctrine royaliste. Le comte de Paris considère que le rétablissement de la monarchie en France devra être sanctionné par un grand vote national, rejoignant en cela les bonapartistes (rapprochement des droites). Le recours au peuple paraît désormais accepté par tous les partis.
Instructions de Mgr le comte de Paris.
Aux représentants du parti monarchiste en France.
... Il est bon que la France sache d'avance ce que sera cette Monarchie. Le moment est favorable pour le lui dire, pour l'avertir qu'elle ne marquera pas un retour en arrière. Il faut lui montrer que le principe de la tradition historique, avec sa merveilleuse souplesse, peut s'adapter aux institutions modernes [...].
Si la Monarchie capétienne a constitué l'unité et développé la puissance de la France, à travers toutes les vicissitudes de notre longue histoire, c'est qu'elle a eu pour origine de sa grande mission un véritable pacte national, pacte conclu, aux premières heures de cette histoire, entre ceux qui représentaient alors la France naissance et la famille dont le sort devait rester uni au sien dans la mauvaise comme dans la bonne fortune. Pour fonder, après tant de révolutions, un gouvernement dont la base soit plus ferme et plus large qu'une simple prise de possession du pouvoir ou une délégation de la souveraineté du nombre, il faut faire revivre la tradition historique par un accord librement consenti entre la nation et la famille dépositaire de cette tradition. Cet engagement réciproque, consacrant le droit historique et liant, comme tous les contrats, les générations futures, peut seul garantir à la fois la stabilité dont la France a besoin pour reprendre son rang en Europe et la vraie liberté qui est surtout la protection des faibles.
Ce pacte ancien sera remis en vigueur, au nom de la France, soit par une Assemblée constituante, soit par le vote populaire. Par cela même qu'elle est inusitée sous la Monarchie, cette forme est plus solennelle et peut mieux convenir à un acte qui ne doit pas se renouveler. Elle permet de donner, sans retard, une assise solide à la Constitution. Un gouvernement porté sur l'opinion publique, comme le sera la Monarchie, le jour de son avènement, n'a rien à craindre de cette consultation directe de la nation.
Le Gaulois, 15 septembre 1887.
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