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L'Histoire de France, de l'Europe & du Monde

La Seconde Guerre mondiale, conflit sans précédent, constitue un tournant majeur de l’histoire européenne. Débutant en 1939, elle s’étend rapidement à l’échelle planétaire avec notamment la participation des colonies, du Japon et des Etats-Unis. Impréparée face à une guerre qu’elles ont cherché à tout prix à éviter, les démocraties tombent rapidement sous la coupe nazie, à l’exception de la Grande-Bretagne. Le salut de l’Europe ne viendra que des interventions extra-européennes : Etats-Unis et Union soviétique.

Les victoires de l’Axe (1939-1941)

Vers la guerre

Dès l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en tant que chancelier (1933), l’Allemagne quitte la Société des Nations (SDN), organisme chargé d’assurer la paix dans le monde. En 1935, le service militaire est rétabli et l’année suivante la Rhénanie est remilitarisée. Cette violation du traité de Versailles ne fait pas réagir la SDN. En 1936, Allemands et Italiens soutiennent Franco en Espagne dans la guerre civile contre les républicains. En 1938, Hitler réalise l’Anschluss avec l’Autriche puis revendique le territoire des Sudètes, région de la République tchèque peuplée par trois millions d’Allemands. Malgré tous ces coups de force, les démocraties restent passives. En septembre 1938 se tient à Munich une conférence réunissant Hitler, Mussolini, le français Daladier et le britannique Chamberlain. La France et le Royaume-Uni y cèdent aux revendications du Führer dans un souci de paix. La Tchécoslovaquie est dépecée en mars 1939 après l’entrée dans Prague des Allemands. Hitler signe peu après un pacte avec Staline (pacte germano-soviétique) qui l’assure de la non-agression de l’URSS (août 1939). Quand Hitler se décide à envahir la Pologne en septembre 1939, la guerre éclate avec la France et la Grande-Bretagne.

La « guerre éclair »

Le 1er septembre 1939, Hitler attaque la Pologne qui tombe en trois semaines. Le 3 septembre, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne, laissant croire qu’un nouveau front pourrait s’ouvrir. Mais les alliés de la Pologne ne bougent pas de leurs positions. Les Français se préparent à une guerre d’usure, abrités derrière la ligne Maginot. En avril 1940, Hitler se tourne vers le Nord et envahit le Danemark sans rencontrer de résistance. La Norvège, qui fournit du fer à l’Allemagne, tombe à son tour en juin, après de terribles combats. Le 10 mai 1940, Hitler attaque les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. L’armée allemande qui contourne la ligne Maginot vainc la France en seulement cinq semaines : la Wermacht atteint Boulogne le 22 mai, encercle les troupes françaises à Lille le 27 mai, parvient à Rouen le 9 juin. Profitant de la situation, l’Italie déclare à son tour la guerre à la France le 10 juin. Paris est prise par les Allemands le 14 juin. L’exode des populations, ayant débuté dès le début de l’offensive allemande, s’amplifie : des millions de civils et de militaires fuient sur les routes en direction du Sud. Mi-juin, la France échoue à arrêter l’offensive allemande sur la Loire pendant que les 400 000 hommes de la ligne Maginot sont encerclés et faits prisonniers. Le maréchal Pétain succède à Paul Reynaud à la tête du gouvernement français le 16 juin et signe l’armistice le 22 juin à Rethondes.

Isolée, la Grande-Bretagne poursuit la lutte. Hitler envoie la Luftwaffe attaquer les navires et avions anglais et bombarder les aéroports et les villes du Sud du pays : c’est la bataille d’Angleterre. Ces attaques aériennes devaient préparer un débarquement en Angleterre, dont l’idée est abandonnée. Hitler se décide à asphyxier la Grande-Bretagne en la mettant en état de blocus. La marine allemande encercle le pays, afin d’interrompre le ravitaillement des Britanniques. La Royal Navy oppose cependant une résistance vigoureuse qui oblige Hitler à mener une guerre plus longue que prévue.

L’extension du conflit

En Méditerranée, la Grande-Bretagne renforce ses positions à Gibraltar et à Alexandrie, et coule la marine française à Mers el-Kébir. La Royal Navy parvient à porter des coups terribles à la marine italienne : elle attaque le port de Tarente le 1er novembre 1940 puis le port de Gênes le 9 février 1941. L’armée italienne d’Ethiopie et de Lybie est mise en difficulté par les Britanniques. Le 11 janvier 1941, Mussolini se voit contraint de demander l’aide d’Hitler en Lybie, qui envoie l’Afrikakorps dirigé par Rommel.

En Europe, le 28 octobre 1940, Mussolini attaque la Grèce mais ses troupes doivent se replier devant les résistances de la population et de l’armée grecque. En avril, Hitler envahit la Yougoslavie puis la Grèce (Athènes est conquise le 27 avril).
A l’Est, le 22 juin 1941, les armées allemandes attaquent la Russie soviétique, en violation du pacte germano-soviétique. Baptisée « opération Barbarossa », la campagne militaire est dans un premier temps victorieuse. L’Armée rouge, affaiblie par les purges staliniennes de 1936, n’offre pas de grande résistance, permettant à la Wermacht de s’enfoncer dans le territoire soviétique.

Dans le Pacifique, l’impérialisme japonais a conduit à l’attaque de la Chine dans les années 1930. En juillet 1939, les Japonais envahissent l’Indochine du Sud. En réaction à cette agression, les Etats-Unis décide d’un embargo sur le pétrole et l’acier à destination du Japon. Le 7 décembre 1941, les Japonais répliquent en lançant une attaque surprise contre la base aéronavale américaine de Pearl Harbor (île Hawaï), la mettant hors de combat. Aussitôt, les Etats-Unis entrent en guerre contre le Japon. En vertu de leur alliance avec le Japon, l’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux Etats-Unis les 11 et 12 janvier 1942. La guerre est devenue mondiale.

L’Europe sous la domination nazie

Le nouvel ordre européen

Le IIIe Reich, à son apogée, est un territoire riche de ressources, occupé par 100 millions d’habitants. Tous les territoires considérés comme allemands y sont intégrés : l’Autriche, les Sudètes, la Pologne occidentale, la Silésie, l’Alsace-Lorraine,…
Autour du Reich, qui occupe le centre de l’Europe, certains pays reçoivent la statut de « protectorat » et deviennent des vassaux de l’ « Empire nazi ». Les pays ennemis occupés subissent un sort qui dépend de l’origine ethnique de la population : Scandinaves, Néerlandais, Flamands sont ainsi mieux traités que les Latins. L’Italie mussolinienne passe quant à elle progressivement du statut d’allié à part entière à celui de subordonné puis de pays « protégé » (vers 1943).

La mise en place du « nouvel ordre européen » passe aussi par la lutte contre les opposants au régime et les « races inférieures » (Tziganes, Slaves, Juifs). A partir de 1942 est opérée l’extermination systématique des populations israélites. Conformément à la « solution finale de la question juive », les Juifs sont arrêtées par milliers et déportés dans des camps en Allemagne ou en Pologne (Auschwitz, Majdanek, Treblinka,…) où ils sont forcés de travailler dans des conditions inhumaines. Ceux qui sont trop faibles pour travailler, tels les vieillards, les enfants ou les malades, sont asphyxiés dans des chambres à gaz et leurs corps brûlés dans des fours crématoires. En 1945, près de 6 millions de Juifs auront péri dans les camps d’extermination.

Le pillage économique

Dans les pays conquis, toutes les richesses et les forces disponibles sont mises au service de l’effort de guerre allemand. Les pays occupés doivent payer de colossales indemnités au Reich (400 millions de francs par jour pour la France). De grandes entreprises comme Renault en France produisent pour l’occupant allemand. L’Allemagne réquisitionne une part importante de la production agricole et industrielle, se fait livrer des matières premières, emporte au passage objets précieux et oeuvres d’art.
Partout apparaissent des pénuries entraînant le rationnement alimentaire et de graves carences nutritives (à Athènes en 1942, on meurt littéralement de faim). A partir de 1942, des millions d’hommes partent travailler en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO).

Collaborateurs et résistants

La mise en place du nouvel ordre européen, du « pillage économique » et du génocide s’opère avec la complicité d’une partie des populations occupées. Ces collaborateurs agissent pour des raisons idéologiques ou par simple opportunisme. Les collaboration inter-étatique s’effectuent sous diverses formes. Dans certains pays comme la Norvège, ce sont les partisans des nazis qui gouvernent directement. En France, le régime de Vichy cherche au départ des conditions d’aménagement à l’armistice. Après 1943, il devient complètement inféodé au IIIe Reich, le maréchal Pétain n’étant plus qu’un personnage fantoche.

De l’autre côté, des résistants, issus de toutes les familles politiques (des communistes aux nationalistes), s’opposent à la domination nazie et mènent un combat qui revêt plusieurs formes. Dans les régions d’accès difficile (moitié sud de la France, Norvège, Grèce) se constituent de véritables maquis qui tendent à se militariser avec le prolongement du conflit. Dans les régions où les conditions géographiques ne le permettent pas (France du nord, Belgique, Hollande), les résistants s’engagent dans des réseaux clandestins, distribuant des tracts et journaux, pratiquant le sabotage, informant les services de Londres, assurant l’évasion des Juifs, des réfractaires au STO, des prisonniers évadés et des aviateurs alliés. En Allemagne, la résistance, quasi-inexistante, ne se manifeste pratiquement qu’au sein de la Wehrmacht, symbolisée par l’attentat manqué contre Hitler de l’officier von Stauffenberg le 20 juillet 1944.

L’effondrement de l’Europe hitlérienne (1942-1945)

Le tournant de 1942-1943

C’est dans les années 1942-1943 que les difficultés s’accentuent pour l’Axe. Les Alliés commencent enfin à remporter des victoires.
L’assaut allemand lancé contre Stalingrad depuis août 1942 se heurte à une résistance farouche des Soviétiques. Une manoeuvre d’encerclement menée par l’Armée rouge aboutit à la capitulation de l’armée allemande début 1943, après deux mois de résistance. Cette défaite allemande marque en Europe continentale le début du reflux. Au début de l’été 1943, les Allemands tentent une large offensive dans la région de Koursk mais cette grande bataille de chars aboutit à la victoire des Soviétiques. Les Soviétiques ne cessent alors d’avancer : ils reconquièrent la Crimée, l’Ukraine, la Biolérussie et dégagent Léningrad en janvier 1944.

Les Alliés occidentaux commencent eux aussi à vaincre les Allemands sur des théâtres d’opération extra-européens. Les Britanniques percent le front germano-italien d’El Alamein (Egypte) en octobre-novembre 1942 puis occupent la Libye et la Tunisie tandis que les Américains reprennent la maîtrise du Pacifique contre les Japonais après la victoire de Midway (juin 1942).

La victoire des Alliés

Après la victoire en Afrique du Nord, les Alliés débarquent en Sicile en juillet 1943 puis prennent pied en Italie du Sud. Les Anglo-américains et les Français atteignent Naples en septembre 1943 puis Rome en juin 1944. Mais il faudra attendre le printemps 1945 pour que les Alliés enfoncent la « ligne gothique » tenue par les troupes italiennes et allemandes.

C’est en France, sur les côtes de la Normandie qu’a lieu l’assaut décisif. Le 6 juin 1944, 5 divisions anglo-américaines débarquent par surprise sur 5 plages normandes. Aidées par la résistance française, elles percent le front allemand à Avranches après deux mois de combats puis déferlent sur la France. Le 25 août, Paris est libéré. Entre temps, le 15 août a lieu un second débarquement allié en Provence qui participe à libérer progressivement la France.

Malgré l’usage tardif d’armes nouvelles (chasseurs à réaction, fusées V1 et V2) et le recours aux dernières forces vives de l’Allemagne (jeunes et vieillards), Hitler ne peut inverser la tendance. En novembre 1944, la France est à peu près complètement libérée. A l’Est à la même période, l’Armée rouge occupe les pays satellites du Reich : Finlande, Roumanie, Bulgarie, Hongrie. En décembre 1944, les blindés russes atteignent Varsovie et les Alliés occidentaux sont sur le Rhin. Ce qui reste du IIIe Reich s’effondre en quelques mois. La jonction entre Alliés occidentaux et Soviétiques s’opèrent le 26 avril 1945 sur l’Elbe. Les ultimes combats se déroulent dans la ville de Berlin, encerclée par les Soviétiques, où Hitler se suicide le 30 avril. Les 7 et 8 mai, l’Allemagne capitule à Reims puis à Berlin sans condition.

La guerre se poursuit dans la Pacifique où les Américains, depuis leur victoire de Midway, entament une longue et difficile reconquête. Les Américains font face à une résistance farouche comme en témoignage l’action des kamikazes (pilotes s’écrasant avec un avion rempli d’explosifs sur un navire ennemi). Le nouveau président des Etats-Unis Harry Truman décide alors d’utiliser une arme nouvelle : la bombe atomique. Lancée sur Hiroshima le 6 août puis Nagasaki le 9 août, elle permet la capitulation du Japon le 2 septembre 1945.

L’Europe à la sortie du conflit

Avec plus de 50 millions de morts, la Seconde Guerre mondial est le conflit le plus meurtrier de l’Histoire. Les destructions matérielles sont immenses : en Pologne, Varsovie est détruite à 70 %. L’Allemagne a perdu 4 millions de logements. L’URSS est aussi largement touchée avec 1700 villes et 70 000 villages endommagés. Le retour à la paix n’aboutit pas à la fin des rationnements pour les populations européennes. La découverte par les Alliés des camps de concentration et de la volonté génocidaire des nazis entraîne un choc psychologique considérable : la foi en un progrès moral de l’espèce humaine par la science et la technique est bousculée. De novembre 1945 à septembre 1946, 21 hauts dignitaires nazis sont jugés à Nuremberg pour crimes contre l’humanité.

Des conférences sont organisées avant même la défaite allemande pour préparer les ultimes combats et poser les bases de l’Europe post-hitlérienne. Les trois « grands » Roosevelt, Churchill et Staline se réunissent à Yalta en février 1945 et envisagent la partition de l’Allemagne en quatre zones d’occupation soviétique, américaine, anglaise et française. Ils s’engagent aussi sur la préparation d’élections futures et la mise en place d’une Organisation des Nations unies (ONU).

La Seconde Guerre mondiale bouleverse l’ordre international. Face à une Europe ravagée, l’URSS et surtout les Etats-Unis apparaissent comme des géants et jouissent d’un prestige immense. Les ¾ du stock d’or mondial sont détenus par les Etats-Unis, principal bénéficiaire du conflit. La conférence de Bretton Woods en juillet 1944 consacre la domination du dollar, qui devient seule monnaie internationale. Le 26 juin 1945, la création de l’ONU devient effective par la charte signée à San Francisco. Ces accords jettent les bases des relations internationales futures.

Bibliographie :
BERSTEIN Serge, MILZA Pierre, Histoire de l’Europe du XIXe au début du XXIe siècle, Paris, Hatier, 2006.

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